Le Journal du Recouvrement

Dans la rubrique Actualité du crédit

Creditsafe, fournisseur d’informations commerciales et financières, vient de publier (juillet) une étude sur l’évolution des créations et défaillances d’entreprises. Ces 2 indicateurs clés, créations et défaillances, reflètent généralement bien la situation économique d’un pays. Les données collectées par Creditsafe confirment-elles la reprise espérée ? Les grandes lignes de cette enquête, selon la taille de l’entreprise, son secteur d’activité ou sa structure juridique…

Sur le terrain des créations tout d’abord, l’étude révèle une baisse de 2,6 % par rapport au 1^er semestre 2015, avec 6000 entreprises en moins (233000 vs 227000). D’un point de vue de l’emploi, c’est autant d’employeurs potentiels qui manquent à l’appel. Cette tendance doit néanmoins être relativisée. L’évolution des créations ces dernières années reste largement positive et par ailleurs 95% d’entre elles se font sous forme de micro-entreprises (0 salarié) dont la propension à l’embauche est quasi nulle.

C’est dans le secteur des services à la personne que les créateurs ont été les plus audacieux (+21 % par rapport à 2015), ne représentant néanmoins qu’une part peu importante de l’ensemble des créations (7%). A contrario, les immatriculations d’entreprises dans le secteur du commerce de détail et des ventes en boutiques (21 % de la totalité des créations) fléchissent légèrement en ce début d’année (- 9%). Ces 2 tendances confirment, selon nous, l’impact du digital sur les habitudes de consommation, avec des services en ligne plus accessibles, (augmentation de VTC libéraux, auto-entrepreneurs inscrits sur les plateformes collaboratives), et des achats via le web toujours plus importants au détriment donc des ventes en magasin.

A noter également, une baisse de 9 % des créations dans le secteur de la construction. C’est un chiffre non négligeable quand on sait que cette activité reflète la situation macroéconomique d’un pays (investissement, immobilier, infrastructure…).

Sur le terrain des défaillances, le bilan est nettement plus avantageux. La tendance qui se dessinait déjà fin 2015 semble bien se confirmer avec une baisse significative des dépôts de bilan (-11,8 % de défaillances).

Et contrairement aux créations, 40% de ces entreprises en péril disposent, elles, de salariés (dont 6% plus de 10). Toute évolution positive des défaillances impacte donc favorablement le taux de chômage. Ce n’est pas moins 12000 emplois qui échappent en ce début d’année à une menace de licenciement par rapport aux chiffres de T1 2015.

Ces bons résultats se confirment dans tous les secteurs, avec une mention particulière pour ceux de la construction et de l’industrie (baisse respective de -15% et -13%). Si les créateurs sont plus frileux à s’engager dans ces secteurs (cf plus haut), les entreprises déjà présentes semblent moins fragiles que l’année dernière. 3 raisons à cela :

•   Les entreprises toujours en place malgré la crise sont structurellement plus solides

•    Les investissements et les projets immobiliers repartent à la hausse

•    Les délais de paiement s’améliorent

Cette étude va bien dans le sens de celles déjà réalisées par COFACE et ALTARES notamment. L’embellie se confirme sur le front des défaillances (indicateur clé de la situation économique d’un pays) ! Nous sommes néanmoins encore au-dessus des chiffres de 2012, sans parler de ceux de 2007. Quant aux créations, les français restent, malgré un léger fléchissement, toujours autant attirés par l’aventure entrepreneuriale. Des résultats encourageants donc qui restent à confirmer sur cette fin d’année !

Philippe Bernis (Direct Recouvrement)